Et là c’est le drame.
L’autre cruche a réussi a faire bruler la soupe au miso. Et l’abruti de service a loupé ses pains à la vapeur. Mais qu’est ce j’ai fait pour avoir une classe pareille ?
Dix heures sonnent. Sauvé par le gong. Seulement 2 heures de cours, et déjà épuisé. J’aurais peut-être pas dû regarder chasse et pêche toute la nuit. M’enfin voilà le bout du couloir, la salle des profs est toute proche. Le lieu sacro-saint. Encore bloqué la porte. Mais qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça. Zen, le yin et le yang, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je dois faire abstraction de mes émotions, ils ne m’affectent pas. Après une lutte acharnée, je réussis à ouvrir la porte. Je suis un jeune prof, je suis déjà excédé, mais que dire de ceux qui sont là depuis 15 ou 20 ans ? Le courage, le respect, l’admiration. Ce sont des héros. Le prof de philo avec sa grande barbe blanche platonicienne, qu’est ce qu’il a pu endurer… Il fait parti des meubles depuis le temps. Enfin, l’autre aspect assez dur de la jeunesse, c’est qu’on s’incruste dans une administration en marche, les clans sont déjà formés, à toi de t’imposer. Je ne peux que réfugier vers mon meilleur ami, fidèle en toute circonstance, ne commentant jamais mes problèmes. J’ai nommé la machine à café. Elle est d’un certain âge, même d’un âge certain. Elle a fait son temps, c’est sur. M’enfin tant qu’elle fonctionne…
Moment d’hésitation, un soupçon d’exaspération, mon portefeuille est resté dans mon blouson qui bien sur est dans la salle. Qui est 2 étages plus haut, et le temps que je fasse l’aller-retour, la sonnerie marquant la fin de la pause aura retentit. Soudain, je sens une pièce dans le fond ma poche, miracle. Une relique du parcmètre. Cette foutu machine ne rend pas la monnaie, mais sans mon café, je risque d’être irritable, par ce que pour le moment, faut avouer que je suis calme. Aucune déformation de mon visage n’a laissé transparaître les différents sentiments plutôt négatifs, je le reconnais, que j’ai éprouvé dans ce laps de temps assez réduit. Je demande un expresso, sans sucre, après une attente qui me paraît une éternité, me voilà avec le gobelet en main. La 1ére gorgé a une saveur de libération, le délicieux liquide s’écoule en moi réchauffant mes entrailles. Je dois alors le retourner, et faire face à une salle qui s’est rempli entre temps. Je dois affronter mon destin.
C’est là que s’approche le prof de sport, une chance ? Pas sur, il va encore empester l’homme. Faudra que je lui présente Axe à l’occasion. Mais passons au dessus de ces futiles considérations. Il va falloir égayer ces quelques minutes en faisant la conversation, en échangeant des banalités. Ça y est, le moment fatidique est arrivé.